Le Soir publie un article sur la Ceinture Aliment-Terre et sur la fête de la Transition liégeoise

Le 30 mai 2013, le journaliste Philippe Bodeux et le photographe Michel Tonneau se rendent à Strée pour rencontrer des acteurs de terrain et des projets concrets (Point Vert, GAL des Condruses) qui illustrent le concept de Ceinture Aliment-Terre en région liégeoise.

Voici le reportage qu’ils en ont rapporté.

Le Soir Vendredi 31 mai 2013

Et si la campagne nourrissait la ville ?

ALIMENTATION Un nouveau modèle d’agriculture présenté par « Liège en Transition »

  • La toute grande majorité des aliments consommés à Liège ne viennent pas de la région proche.
  • Si 150.000 Liégeois consommaient une fois par semaine des produits locaux, cela permettrait de créer 5.000 emplois.

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Dans le rayon du super-marché liégeois, il est rare le légume qui vient d’un champ situé dans la région. La grande distribution et ses intermédiaires font venir des quatre coins du monde ce qui garnit notre assiette. « Avec la fin du pétrole bon marché et le souhait de retrouver confiance dans des aliments sains, le circuit court a un bel avenir devant lui », déclare Christian Jonet, responsable de l’asbl Barricade qui coorganise avec une kyrielle d’associations liégeoises la journée « Liège en Transition » ce dimanche.

« Le circuit court, c’est une relation quasi-directe au producteur. La suppression d’intermédiaires permet de le rémunérer correctement tout en proposant un prix plus intéressant au consommateur. En y appliquant les principes de l’économie sociale, les bénéfices dégagés sont réinvestis dans l’activité, ce qui permet de développer l’emploi et de créer une véritable nouvelle filière de maraîchage local. »
Utopique ? À voir le foisonnement d’initiatives réunies sous la bannière « Liège en Transition », un mouvement est en marche.

Dans le Condroz, plusieurs maraîchers se sont lancés. Ils alimentent des ménages liégeois, notamment via le réseau « Point Ferme » qui effectue des livraisons de paniers de légumes.

« Ceinture aliment-terre »

Les ambitions sont grandes : « Nous avons calculé qu’il est possible de créer 5000 emplois si 150.000 ménages liégeois consomment une fois par semaine des produits locaux. Ce chiffre inclut les emplois liés à la production, à la transformation et à la logistique, explique Benoît Noël, ingénieur agronome au Groupe d’Action Locale (GAL) Pays des Condruses et initiateur du réseau « Point Ferme ». Aujourd’hui, un hectare hesbignon ou condruzien rapporte 2.500 euros en culture de céréales. En maraîchage diversifié, il rapporte 25.000 euros. »

Un réseau baptisé « Ceinture aliment-terre liégeoise » s’est créé. Il est soutenu par la Région wallonne qui, via le ministre de l’Économie Jean-Claude Marcourt (PS), a octroyé 66.000 euros pour lancer les bases d’un redéploiement économique local. « L’innovation réside dans la combinaison de la logique du circuit court et de l’économie sociale », résume Christian Jonet qui énumère les fondamentaux : relocalisation de la production agricole, restauration de terres épuisées par les engrais azotés et les pesticides, création d’emplois et non de profit, développement d’une filière complète intégrant production, transformation, logistique, formation et consommation. Un exemple ? L’agence de développement économique SPI+ aimerait fournir sa future cantine du Val Benoît avec des produits locaux. Et elle va transformer l’ancien GB d’Ouffet en un entrepôt frigorifique à destination des agriculteurs du coin.

« C’est un retour au modèle ‘la campagne nourrit la ville’ », note Jean-François Pêcheur, directeur du GAL des Condruses (Strée). « Avec l’intégration de techniques et d’expériences de pays voisins comme l’usage de serres ultra-performantes, ajoute Christian Jonet. C’est une nouvelle vision de l’agriculture basée sur des exploitations plus petites avec moins d’investissements et une production essentiellement végétale distribuée localement. Cela nécessite d’impliquer le consommateur. » D’où la journée de ce dimanche.

PHILIPPE BODEUX