Du 6 au 27 mars 2017 a eu lieu à Liège un festival sur la question de la transition alimentaire, Nourrir Liège 2017. Le but principal de cette initiative collective était de rassembler les citoyens liégeois autour d’une question centrale « Comment nourrir la ville?».

Ce festival s’est construit autour d’un événement clé : la pièce de théâtre « Nourrir l’Humanité c’est un métier » de la Compagnie Art&tça  dont la vocation est de de se faire porte-parole des « sans voix » au travers du théâtre.

La véritable nouveauté de cet événement est qu’une cinquantaine de collectifs et associations ont pris part à l’organisation et ce, à différents niveaux. Mais il faut noter l’hétérogénéité des principales associations organisatrices qui étaient la compagnie de théâtre Art&tça (ayant donnée l’impulsion principale)  suivie par trois autres partenaires: l’Asbl du Beau Mur , l’ULg , ainsi que la Ceinture Aliment-terre liégeoise.

Durant les trois semaines sur lesquelles le festival s’est étalé, le public a eu la possibilité de participer à une grande diversité d’événements autour de la thématique de l’alimentation durable dans une foultitude d’endroits au sein de la ville Liège, que ce soit des débats, des expositions, des films,  des représentations théâtrales, un marché de producteurs locaux, des conférences, des tables rondes, etc.

Les temps forts du festival se sont déroulés au cours de la deuxième semaine qui s’articulait autour des représentations de la pièce.  Salles combles pour le Tout Public et bien remplies pour les représentations destinées aux élèves , cette pièce aura permis de véritablement sensibiliser les liégeois sur le malaise profond des petits agriculteurs tout en ouvrant sur des pistes alternatives. Un exemple concret fut apporté par l’un des jours clef du festival avec le Mini marché court-circuit le 16 mars qui rassemblait des producteurs locaux, tels que la fromagerie de l’Isbelle, la Coopérative Ardente , les Petits producteurs , les Compagnons de la Terre , Point Ferme (http://www.pointferme.be/) ,  la boulangerie durable Un pain C’est tout, la coopérative de champignons Fungi Up mais aussi des associations, comme Na ! asbl, le MAP , … Cette journée n’était qu’un avant-gout du Marché Court-Circuit, organisé pour la deuxième fois cette année par la Ville de Liège.

partenaires principaux NL rtbf
Passage au JT de la Rtbf

Ce même jour, La CATL a également organisé une table ronde autour du bio dans les écoles. La discussion a permis notamment de mettre en lumière le manque de légumeries qui empêche les cantines de travailler avec des produits locaux.

Le samedi 18 mars a eu lieu un grand débat (voir la video, et l’article) qui a rassemblé des acteurs de différents niveaux politiques (Willy De Borsus, Marc Tarabella, et Benoit Georges représentant de René Collin), ainsi que des chercheurs, essayistes et universitaires (Sybille Mertens, Olivier de Schutter, Gauthier Chapelle, Stéphane Desgain, Benoît Biteau et Pierre Stassart) . Ceux-ci ont été interrogés sur leur « Vision et constat de l’agriculture en Belgique », mais également sur leur vision future de notre agriculture. Le public a évidemment aussi eu le droit à la parole. Il a notamment interpellé les intervenants sur la problématique du glyphosate toujours autorisé à ce jour et la responsabilité de l’AFSCA à ce sujet.

Suite à cela, José Bové, parrain du festival, donna une conférence le mercredi 22 mars organisée par l’ULG et la Maison des Sciences de l’Homme , sur l’avenir de la PAC. Le parlementaire européen a attiré les foules, presque 500 personnes étaient présentes ! Deux agriculteurs et un étudiant en agroécologie ont participé au débat et les premiers ont exprimé leurs fortes inquiétudes quant à leur futur en tant que « petits paysans ».

Au-delà des débats, Nourrir Liège, c’était aussi : le lancement des Incroyables Comestibles au Beaumur (la Ville de Liège a donné son accord pour un « Permis de végétalisation » , des projections de films et documentaires comme « Autrement », « Food Chains » et « Sans lendemain »; mais aussi des ateliers de formation pour apprendre à se nourrir sainement et à comprendre nos choix alimentaires, la venue du groupe de rap « bio » PANG dans le cadre du Festivanakkam édition 2017, un midi du PAC qui a réuni des citoyens désireux de comprendre et s’investir dans les circuits-courts, un entretien qui a attiré beaucoup de monde avec l’auteur Pierre Bitoune organisé par la Maison des Sciences de l’Homme et ULG 200, pour comprendre pourquoi les sociétés modernes font disparaître les paysans, une présentation de la Brasserie Coopérative Liégeoise (qui a donné sa première bière locale et bio au parrain du festival en avant-première), une visite des vignobles bio de la Coopérative Vin de Liège (bouteille de « l’insoumise » également offerte au parrain), visite de la boulangerie Un Pain C’est Tout , très appréciée elle aussi…et d’autres événements encore !

Ainsi, le bilan de cette première édition est largement positif, la grande majorité des événements a trouvé son public. La force de ce festival a résidé dans l’hétérogénéité des partenaires, ce qui a permis aux membres de chaque organisation de se croiser et de connaître ce qui se fait à Liège autour de la question de l’alimentation dans un domaine qui n’est pas forcément le leur. Les associations et collectifs soulignent tout de même cette difficulté d’attirer et de sensibiliser un public différent de celui des « déjà convaincus ». Des événements tels que le spectacle « Nourrir l’Humanité c’est un métier » existent pour sensibiliser la population à ces questions de transition alimentaire et agricole, qui sont intimement liées et il faudrait qu’ils soient diffusés encore plus largement. Par ailleurs, l’ensemble des initiatives partenaires œuvrent chacune à leur manière pour un changement vers une agriculture plus durable. C’est laborieux mais nous faisons notre part.

Les organisateurs réfléchissent à une éventuelle prochaine édition et ont pour cela rassemblé les avis de tous les participants afin de pouvoir en tenir compte.

Et vous, êtes-vous partants pour Nourrir Liège 2018?