Nos régions voient naître ces dernières années de nombreuses micro-brasseries ancrées localement, et alors que depuis 2017, la culture de la bière est reconnue au Patrimoine culturel immatériel de l’UNESCO, ces brasseries ne sont pas encore en mesure de produire leurs bières avec des ingrédients locaux. On est encore très loin de pouvoir produire des bières 100% wallonnes. En effet, pour ce qui est du houblon, il n’est plus produit que sur une surface de 17 ha aujourd’hui en Wallonie. Même si l’on voit ce secteur se développer, avec la naissance de plusieurs houblonnières, les volumes produits sont toujours très loin d’être suffisants. Et bien qu’en Flandre les surfaces cultivées soient plus importantes (150 ha), nos brasseurs sont contraints de se fournir à l’international.

Face à un tel constat, la solution, à savoir la création d’une filière locale ou régionale, semble assez évidente. Cependant, le houblon est un produit complexe, que ce soit au niveau de sa production ou de sa commercialisation. La Ceinture Aliment-Terre Liégeoise a souhaité connaître l’avis des brasseurs régionaux sur ces questions, et objectiver leur besoins ou leur demande pour ce produit. L’ASBL Exposant d a dès lors accueilli Sophie Wirtz, étudiante d’HEC Liège (Master Management des Entreprises Sociales) pour la réalisation d’un mémoire-projet sur ce thème, basé sur la réalisation d’une étude.

Les résultats démontrent de l’intérêt croissant des brasseurs de produire à base de matières premières locales. Cependant le houblon étant l’épice de la bière, les brasseurs sont très attentifs aux variétés utilisées (plus de 250) et à leur qualité. La complexité réside alors dans la détermination des variétés à produire afin de satisfaire les brasseurs, et ce d’autant plus que les bières régionales sont produites avec une combinaison de plusieurs variétés de houblon pour chaque recette. Pour dépasser cet écueil et parvenir à déterminer les variétés de houblon à produire en priorité, on pourrait par exemple imaginer  l’impulsion d’une coopération entre les brasseries régionales intéressées par une relocalisation du secteur brassicole.

L’étude et le travail de Sophie Wirtz (consultables en suivant ce lien) ont permis d’en savoir beaucoup plus sur la demande et les attentes des brasseurs locaux, et de mettre en lumière plusieurs projets de houblonnières locales, initiatives que la CATL soutient et encourage évidemment. Mais la création d’une véritable filière est encore éloignée : elle nécessiterait notamment la réalisation d’une étude beaucoup plus approfondie, en particulier au niveau financier.