L’économie, le commerce, le travail, la fortune et la pauvreté sont avant tout faits de liens sociaux. Ils oscillent entre exploitation et coopération. L’économie n’est pas le monopole des économistes, le commerce n’est pas le jouet exclusif des sociétés obsédées par le profit financier, le travail n’est pas la servitude, l’accumulation ou la privation de richesses ne sont pas des fatalités, l’argent est un moyen et non une fin…

Pour tisser les liens solides d’un nouveau monde, pour dessiner les orientations de notre transition socio-économique, nous avons collectivement besoin de toutes les sensibilités et de tous les types d’intelligence. Les défis sont colossaux. Il y a urgence.

Aujourd’hui, à Liège, un beau projet vient d’être amorcé : réfléchir ensemble un modèle économique local qui nous permet d’avancer vers des filières de production alimentaires courtes fiables, sécurisées et fondées sur des liens de confiance. Dans la foulée du forum donnant l’impulsion à la Ceinture aliment-terre liégeoise à l’automne dernier, une bonne dizaine de groupes de travail se sont mis en place. Une belle opportunité pour réfléchir et agir en réseau.

Une vingtaine d’étudiants du « Master en Ingénieurie et Action Sociale » organisé en co-diplomation par Hepl (Haute École de la Province de Liège) et Helmo (Haute École Libre Mosane) vont participer activement au lancement de ces travaux dans le cadre d’un cours « Travaux Pratiques en gestion de projet ». Le Master en ingénierie et action sociales vise à former des professionnels dans le secteur non-marchand et dans le domaine de l’action sociale ou de l’économie sociale.

Entre janvier et avril 2014, 9 petites équipes de 2 ou 3 étudiants accompagnées par deux professeurs fonctionneront comme des consultants externes. Dans le cadre d’une méthode de travail professionnelle, ils mettront leur énergie et leur intelligence au service de groupes aussi variés que  la recherche de financement, le lancement d’une monnaie locale, l’analyse du modèle social et économique d’une ferme, l’accès des personnes à faible revenus à une alimentation saine, les liens à établir avec des cuisines de collectivité, la libre production des semences, la cartographie d’une mise en réseau, le relevé et la mise en lien des offres de formation…

L’école peut jouer un rôle actif dans la Cité. L’action citoyenne et l’innovation socio-économique vont puiser des ressources au sein des filières de formation enracinées dans l’action sociale. L’économie est à notre service, pas l’inverse. Les perspectives d’un monde plus humain nous donneront l’envie d’avancer vers ce que les responsables politiques bhoutanais appellent le bonheur national brut.

Eric Dewaele
e.dewaele@helmo.be