La première édition du Certificat Interuniversitaire « Agroécologie et transition vers des systèmes alimentaires durables » a amené ses étudiants à affectuer une recherche, à Liège et à Bruxelles, sur le thème : « Comment les acteurs s’articulent-ils pour faire émerger des dynamiques d’agriculture urbaine dans une perspective de changement du système alimentaire vers plus de durabilité ? »

Basée sur une recherche bibiographique et sur une trentaine d’entretiens, cette recherche a en particulier permis de mettre en perspective la dynamique Ceinture aliment-terre liégeoise avec l’Alliance Emploi-Environnement/axe alimentation durable (AEE/AD) bruxelloise. Comme le souligne la conclusion du rapport, « les deux projets de projets étudiés, la CATL et l’AEE/AD, en tentant de faire évoluer les systèmes alimentaires liégeois et bruxellois vers davantage de durabilité, empruntent des cheminements considérablement différents. En outre, ces deux dynamiques idiosyncratiques, et donc façonnées par des contraintes et des opportunités propres à leur contexte, se fixent des horizons de temporalité tout aussi différents. »

« Pour la dynamique bruxelloise, un premier enjeu est en lien direct avec la question de la territorialité. En effet, l’AEE/AD est une politique publique ancrée dans une région administrative, une agglomération où l’espace agricole est réduit à quelques centaines d’hectares. Ainsi, à ce stade, de manière paradoxale, la question de l’agriculture urbaine à Bruxelles est in fine peu agricole en ne concernant que très peu la production à la périphérie de Bruxelles. […] Du côté de Liège, l’ampleur que prend peu à peu le projet de CATL multiplie les questions ambitieuses à résoudre. Parmi celles-ci, relevons : comment obtenir des financements ? Comment éviter l’essoufflement de la dynamique ? Comment obtenir des résultats tangibles à court terme alors que la dynamique s’inscrit dans une perspective à long terme de changement culturel ? Par ailleurs, eu égard à la rencontre entre la CATL et les pouvoirs publics à ce stade vraisemblablement limitée, la question se pose aussi de cette articulation afin, entre autres choses, d’asseoir un accès aux ressources publiques.

Mettre « en dialogue » ces défis spécifiques à l’AEE/AD et à la CATL nous amène à considérer deux autres enjeux majeurs qui dépassent les dynamiques étudiées (tout en continuant bien évidemment à les concerner directement). Le premier enjeu pose la question du dialogue entre acteurs de cultures différentes ; celui-ci pourrait se formuler via les questions suivantes : comment établir de la collaboration entre les sphères publiques, associatives et privées ? Par delà la forme de cette collaboration, quelle doit en être la nature ? Le deuxième enjeu, davantage épistémologique, souligne la problématique de la construction et du partage des connaissances en mobilisant les questions suivantes : comment établir un dialogue entre les savoirs produits et transmis par les institutions dites « classiques » et ceux générés de manière davantage contextuelle par les acteurs de l’AU ? Quels sont la place et le rôle dans ce dialogue des agriculteurs dits conventionnels et de leurs homologues « néo » semblant offrir « d’autres possibles » en matière d’agriculture ? »

Les résultats de cette recherche ont été exposés et mis en débat au Campus Solbosch de l’ULB, le vendredi 17 janvier, en présence des acteurs concernés, et du gratin de l’agroécologie belge francophone.