François Sonnet, maraîcher au champ des Possibles (Jupille), et également chargé de projet pour la Ceinture Aliment-Terre Liégeoise dénonce dans cette carte blanche l’établissement de la dégressivité du chômage pour les participants aux formations du Crabe asbl,  qui risque de réduire le nombre de candidats au développement du maraichage bio en province de Liège.

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Formation agricole professionnelle du CRABE en danger : «l’ambivalence flagrante du gouvernement wallon »

J’ai eu la chance de suivre il y a 5 ans la formation en agriculture biologique du Crabe Asbl à Jodoigne (cours A et B). Suite à cette formation, j’ai pu démarrer mon projet en maraîchage « le champ des Possibles ».

Durant ma formation, mon chômage n’était pas dégressif, je ne devais pas chercher d’emploi et je recevais une petite contribution pour mes déplacements, ce qui m’a permis de continuer à vivre correctement et d’achever mon cursus. Quand on connaît le budget nécessaire pour démarrer son activité agricole et arriver à la pérenniser sur le long terme, le fait d’avoir un chômage correct jusqu’à son installation s’avère souvent déterminant.

Le FOREM, en ne renouvelant pas la convention avec le Crabe à 20 jours ouvrables du début de la formation, vient de décider que la dégressivité des allocations de chômage ne serait pas bloquée durant cette formation qui se donne à plein temps. Pas mal de personnes engagées pour la session 2019 hésitent à continuer car ils ont des charges qui ne leur permettent pas de toucher un chômage moindre.
Je ne comprends pas l’attitude du gouvernement wallon qui ne veille pas à la cohérence des différents outils de formation et d’installation qui permettent à des personnes de se lancer en agriculture (généralement bio).

Par outils, j’entends notamment :
– La reconnaissance des parcours de formation et d’installation des centres de formation
– Expertise des centres de gestion (uniquement souvent basée sur les cultures en grandes surfaces)
L’agriculture est considérée par la Région Wallonne comme un métier d’avenir mais la filière reste fortement incertaine pour celui qui démarre, les formations professionalisantes doivent être renforcées et sécurisées.

On nous martèle avant les élections qu’il faut relocaliser l’emploi, prendre soin de l’environnement/biodiversité, privilégier les circuits-courts, etc… Et par la suite, on met des bâtons dans les roues des organismes qui donnent les formations permettant à des jeunes de se réorienter professionnellement et de reconstruire une économie plus locale, écologique et créatrice de lien social.
Cette attitude est tout bonnement irresponsable et ne tient de nouveau pas compte des enjeux qui nous attendent. Entre les discours politiques et les décisions prises sur le terrain, la dissonance est de plus en plus flagrante. Mesdames, Messieurs les politiques, il est de votre devoir de vous aligner sur vos positions publiques et de faire en sorte qu’elles soient transcrites rapidement en actes forts.

François Sonnet
Maraîcher au champ des Possibles (Jupille)