A l’invitation du projet Wal4fruits, (projet mené par l’ASBL Diversifruits, la FPNW et le CRA-W), la CATL a participé à une après-midi de formation au Centre Technique Horticole de Gembloux,  consacrée au camérisier. Deux orateurs passionnés par les petits fruits (Alain Rondia du CRA-W et Laurent Minet du CTH),  nous ont fait découvrir cette plante venue du froid.

Le camérisier fait partie de la famille du Chèvrefeuille et il lui ressemble assez fortement. Il se présente sous la forme d’un buisson, qui peut être très ramifié, d’une hauteur de 1 à 2 mètres et d’une largeur de 1,5 mètre environ. Il est originaire des zones boréales autour du pôle nord (Russie, Japon, Canada), ce qui en fait sous nos latitudes, une espèce très rustique supportant – 40°C. En japonais, son nom signifie « petit cadeau au bout de la branche ».

Plant de camérisiers
(© Alain Rondia CRA-W)
Alignement de production
(© Alain Rondia CRA-W)

Le camérisier est encore peu connu en Europe mais il a toute sa place dans la diversification des petits fruits.

Le fruit du camérisier est une baie, de couleur bleu noir, couvert d’une légère pruine. Sa forme est très variable, il peut être cylindrique, ovoïde ou prendre la forme d’une petite poire. Sa taille dépendra fortement de la variété. Ainsi, la variété canadienne « Aurora », la meilleure à ce jour sous notre climat, portera des fruits d’environ 3 cm de long, pour un poids moyen d’environ 1,5 g, ce poids pouvant être doublé si la plantation est fertilisée et bien irriguée.

Camerises (© Alain Rondia CRA-W)
Camerises (© JM Michalowski CATL)

Les valeurs nutritives du camérisier sont parmi les plus intéressantes des petits fruits. Il est le fruit le plus riche en antioxydant, en plus de contenir des vitamines A et C et des fibres. Il est peu calorique : 60 calories, 14 gr de glucides et 0,3 gr de lipides pour 100 gr de fruits. Au Japon, il est considéré comme « le fruit de la longévité de la vie et le fruit de la vision ». Il a toutes les qualités nutritionnelles pour être considéré comme un super fruit !

Pour sa mise en place, le camérisier est peu exigeant : il pousse aussi bien au soleil qu’à la mi ombre, sur un sol léger à moyennement lourd, dont le pH sera compris entre 6 et 7. Il sera planté (par exemple) en haie double rang, avec une distance entre rangs d’environ 3 mètres, les plans étant espacés de 1 mètre sur le rang. Le camérisier peut aussi être associé à d’autres espèces dans une haie fruitière. La pollinisation croisée étant indispensable pour assurer une bonne production, il faudra absolument associer au moins 2 cultivars génétiquement différents, fleurissant en même temps et correctement répartis dans la plantation.

La première taille se fera 3 ou 4 ans après la plantation et aura comme objectif d’aérer la structure et de rajeunir les ramifications pour garder des branches de un à trois ans. L’arbuste atteindra une hauteur maximale de 2 mètres en 5 à 6 ans. Selon les variétés, les rendements seront de 2 à 6 kilos par arbuste.

A ce jour, sous nos latitudes, il n’y a pas de maladies connues, hormis un peu d’oïdium qui n’a pas d’impact sur la production. Les oiseaux sont les principaux ravageurs de la culture, la pause de filets est dès lors indispensable pour sauver la production. L’impact de la mouche « Suzukii » (Drosophila suzukii), un redoutable ravageur des petits fruits, n’est pas encore évalué. La culture du camérisier pourrait donc s’envisager en bio, une attention particulière devant être portée à la phase de fertilisation lors de la plantation.

La camerise est difficilement vendable en fruits frais car elle est très fragile et ne se conserve que quelques jours au frigo. Elle se prête très bien à la transformation, sous forme de fruits séchés, de glaces, de jus ou encore de confitures ; elle se congèle aussi très bien.

Muffins aux baies fraiches de camerises
(© JM Michalowski CATL)
Confiture de camerises – 300 gr de sucre pour un kilo de fruits
(© JM Michalowski CATL)

C’est une culture en plein développement au Canada, pays où la sélection variétale est très active, ce qui conduit régulièrement à la mise sur le marché de nouvelles variétés plus productives, aux fruits plus gros et plus sucrés. En Europe, c’est principalement en Pologne que cette culture se développe, mais nous croyons que le camérisier pourrait rapidement se développer chez nous et renforcer l’offre locale de petits fruits qui est actuellement largement inférieure à la demande

ce texte est inspiré de la présentation de messieurs Rondia et Minet