Les Assises territoriales de la transition agroécologique et de l’alimentation durable organisées à Montpellier par des acteurs clés de l’alimentation durable en France, viennent de se clôturer par une déclaration à laquelle la Ceinture Aliment-Terre Liégeoise apporte son soutien (lire la déclaration).

La CATL et son Festival #NourrirLiège, le Service public de Wallonie (Direction Développement Durable), #MangerDemain (Socopro asbl) et Groupe One étaient présent en force – parmi 800 autres participant·es – lors de cet événement galvanisant pour accélérer la transition des territoires. Nous relayons dans cet article certains points saillants de ces rencontres et les initiatives inspirantes à répliquer sur nos territoires.

Introduction : Des défis encore impensés

L’édition 2024 des Assises met en lumière des angles encore peu explorés dans la transition agroécologique, comme le lien entre alimentation et santé, souvent sous-estimé. Des thèmes majeurs tels que la culture, le tourisme ou la gastronomie semblent avoir disparu des débats. De plus, l’étanchéité entre les sphères comme l’urbanisme, les paysages et l’agriculture freine une approche systémique pourtant essentielle.

Surmonter les clivages et polarisations

La polarisation des débats publics, marquée par des positions figées – entre associations et acteurs publics (comme par ex.Terres en Ville – et les chambres d’agriculture) – appelle à dépasser le confort intellectuel et à instaurer un dialogue ouvert. L’annulation du Carrefour des PAT (Projets Alimentaires Territoriaux) pour des raisons budgétaires reflète un contexte anxiogène où l’exercice de démocratie permanente devient un défi crucial. Ces problématiques sont similaires en Wallonie où le financement des ceintures alimentaires et autres acteurs n’est pas encore pérennisé.

Accélérer la transition : Quelles actions concrètes ?

Face à la complexité du contexte, plusieurs leviers se dégagent pour transformer la transition agroécologique en réalité :

• Faire sens ensemble : Les ateliers participatifs constituent une richesse pour définir collectivement des solutions.
• L’impact des cantines scolaires : La stratégie nationale pour l’alimentation et le climat (SNANC) montre une vision systémique, intégrant l’approche « One Health » pour relier santé humaine, animale et écologique.

Valoriser et protéger les ressources agricoles

Des initiatives exemplaires émergent, comme en Occitanie, avec :

• Une foncière agricole pour soutenir les agriculteurs exclus du système bancaire, leur offrant des prêts sur 9 ans.
• Des outils pour protéger les terres et favoriser la résilience face au changement climatique, via le Plan Agriculture Climat Méditerranée.
• L’expérimentation de paiements pour services environnementaux (PSE), notamment dans la viticulture pour réduire les intrants et préserver les zones de captage d’eau.

Former et sensibiliser les acteurs locaux

Le CNFPT et ses initiatives comme le FunMOOC sur les stratégies alimentaires territoriales diffusent largement des formations en libre accès. L’objectif : renforcer la compétence des agents territoriaux et sensibiliser à l’importance d’une approche gagnant-gagnant entre villes et campagnes.

Démocratie alimentaire : Un droit à consolider

La précarité alimentaire reste un enjeu majeur. Les CCAS (Centres Communaux d’Action Sociale) expérimentent des systèmes innovants comme des caisses alimentaires communes, inspirées de modèles citoyens. Ces initiatives, en test dans des régions comme l’Occitanie en particulier à Montpellier, montrent des résultats prometteurs pour garantir un droit à l’alimentation, encore absent de la Constitution française. La CATL est impliquée dans des projets similaires via le collectif CréaSSA.

Des initiatives locales inspirantes

Certaines collectivités pionnières illustrent la transition en marche :

• Rennes Métropole : Promotion des circuits courts et diminution des pesticides via le label Terre de Source.
• Douaisis Agglo : Soutien aux restaurateurs intégrant des produits locaux (programme Tretraa).
• Nantes Métropole : Création d’un abattoir de proximité pour renforcer l’autonomie locale (lire l’article).
• Montpellier : Caisse alimentaire pour une alimentation saine locale et inclusive (Territoires à Vivre)
• Ville de Genève : Charte de l’Alimentation Durable pour tous les événements (lire la charte).
• Métropole de Lyon : Rachat de Terres Agricoles pour les circuits courts (lire l’article).
• Grenoble : Création de Fermes Urbaines (Les Milles Pousses).

Un plaidoyer pour une transition accélérée

Les Assises se sont clôturées sur une Déclaration, un document ambitieux destiné à porter les enseignements de ces rencontres aux échelons nationaux et européens. Avec 440 PAT et 80 millions d’euros investis, il est temps pour l’État français de consolider la cohérence de sa stratégie entre alimentation, nutrition et santé.

Nous sommes ce que nous mangeons

La transition agroécologique ne peut se contenter d’une logique économique ou esthétique. Comment produire mieux ? Comment soutenir nos agriculteurs tout en garantissant une alimentation de qualité pour tous et toutes ? Si 20 % des agriculteurs concentrent 50 % des terres et 35 % des aides, il est urgent de corriger ces inégalités pour atteindre une souveraineté alimentaire durable.

Unir agriculture, innovation et culture

L’innovation, portée par des acteurs comme l‘Institut Agro Montpellier, et la sensibilisation culturelle, évoquée par Olivier Szulzynger (scénariste d’un nouveau feuilleton axé sur les thématiques agricoles durables), appellent à intégrer ces enjeux dans nos imaginaires collectifs, notamment via la fiction et les médias.

Conclusion : Construire ensemble la transition

Les Assises rappellent qu’il est possible d’accélérer la transition à condition de coopérer, d’expérimenter et de surmonter les oppositions stériles. Des fermes urbaines aux systèmes alimentaires communs, les initiatives locales tracent la voie vers un avenir où alimentation, écologie et société forment un cercle vertueux.