Lancée en novembre 2013, la Ceinture aliment-terre liégeoise (CATL) est un réseau qui fédère, en région liégeoise, divers acteurs qui participent à la transition vers un système alimentaire durable et résiliant. Aujourd’hui le réseau de la CATL continue de se développer et rencontre de nouveaux défis. Lors du festival Nourrir Liège 2019, un forum sur les « enjeux d’une ceinture alimentaire » a réuni environ 150 personnes le samedi 30 mars, autour de tables de réflexion relatives au fonctionnement du réseau et au plan d’action de la CATL. Voici les points clés ressortis des 11 thématiques discutées, parfois en plusieurs rounds :

Atelier 1 : Comment la CATL peut-elle soutenir les coopératives alimentaires ?

– Un fichier tableur a été établi par la CATL pour permettre aux coopératives du réseau de croiser les informations sur leurs producteurs respectifs de manière la faciliter les collaborations et mutualisations logistiques. Le tableau c’est bien, mais l’important c’est l’interconnaissance, les enjeux communs qui doivent être connus. Un groupe de travail logistique de la CATL avance dans ce sens.

– Le thème du secrétariat à mutualiser pour les coopératives est plébiscité. Pour les nouvelles coops, ce serait bien d’avoir un kit informatique de base qui ne doit pas être très cher, un service « je soutiens le démarrage d’une coop » : les gens ne peuvent pas être au four et au moulin.

– Intéressant de mettre un ERP à disposition des coopératives de distribution. La plateforme de commerce du « Collectif 5C », sophistiquée au niveau des commandes en ligne, est déjà utilisée par plusieurs coopératives : elles seront probablement une douzaine d’ici la fin de l’année 2019.

– Les besoin en services et logistique sont criants : besoin d’une structure qui puisse faire la répartition, qui centraliser les informations sur les stocks, etc. Le groupe de travail logistique de la CATL pourrait également avancer dans cette voie.

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Atelier 2 : Cantines durables et la stratégie Manger Demain

La stratégie « Manger Demain » a été mise en place pour toucher tous les milieux de vie, toutes les classes sociales. Environ 200.000 repas par jour en Wallonie. Elle s’articule autour de six axes de travail : Produits locaux et de saison, Produits respectueux de l’environnement, Produits équitables, Produits sains et savoureux, Diminution du gaspillage et Inclusion sociale.

La rédaction d’un cahier des charges qui pourrait permettre aux cantines de se fournir chez des producteurs locaux est planifiée. Actuellement, la législation ne permet pas d’introduire des critères géographiques. Des collectifs seront choisis pour soutenir le développement de cantines durables: plus d’informations en suivant ce lien.

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Atelier 3 : Faut-il instaurer des Conseils de politique alimentaire dans les communes liégeoises ?

– Il y a des questions auxquelles il convient de répondre avant de se lancer dans la création d’une tel organe de démocratie participative. Quelle est l’échelle territoriale pertinente ? A qui revient l’initiative : citoyenne ou publique ? L’objectif est-il de simplement débattre ou de faciliter la co-construction de projets concrets avec les parties-prenantes concernées et les citoyens ?

– La CATL participera au groupe de travail « alimentation durable » inter-échevinats en cours de création au sein de la Ville de Liège.

– La CATL devra faire le lien avec les futurs animateurs de la Socopro (Collège des producteurs) engagés pour mettre en œuvre la politique « Manger demain » du gouvernement Wallon, et notamment soutenir la mise en œuvre de CPA en Wallonie. La CATL et la Ville de Liège ont déposé une candidature commune pour héberger l’animateur qui sera engagé pour couvrir le territoire de la Province de Liège.

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Atelier 4 : Quelle logistique pour professionnaliser les circuits courts ?

Les coopératives de distribution du réseau collaborent peu et auraient certainement à intérêt à concevoir une stratégie de développement plus collective. C’est l’objet du groupe de travail logistique de la CATL. A terme, il faudrait aboutir à ce que les coopératives de distribution travaillent avec les producteurs plus en amont, via en particulier le fait de s’engager sur des plans de production.

Par ailleurs, pour répondre aux besoins B2C et B2B, il semble intéressant pour la CATL de travailler sur l’approvisionnement et le stockage mutualisés de certains produits-clé (produits secs, produits importés, etc.).

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Atelier 5 :  Le prix juste, et si on prenait le problème à la racine

Des alternatives existent pour sortir de la logique pure de marché. Les CSA (Agriculture soutenue par la communauté) et les régies communales agricole en constituent d’excellents exemples. L’étude publiée par SAW-B en 2018 sur ce sujet met en perspective de telles initiatives.

La CATL travaillera idéalement à essaimer la formule du CSA et à soutenir la Ville de Liège dans le projet de création d’une régie communale agricole.

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Atelier 6 : Les formations et débouchés professionnels en agriculture ?

* Constat d’un besoin vital de renforcer les formations agricoles en Wallonie :
– en les rendant plus professionnalisantes, notamment en allongeant la durée du cursus (2 ans serait l’idéal) et en améliorant la qualité des cours/intervenants
– en les rendant accessibles à tous, aux chômeurs comme aux personnes qui sont en activité. Trouver un statut pour les personnes « en transition » professionnelle. Et dans le même ordre d’idées, privilégier les cours en journée plutôt que les cours du soir assez épuisants.
– en les rapprochant de leur public, càd en les relocalisant de manière à ce que les candidats ne doivent pas courir à l’autre bout de la Wallonie pour se former.
– en connectant les différents centres de formation entre eux afin d’améliorer leur efficience.
– en augmentant le budget de la RW pour les formations :  cela fait un moment que le budget est « gelé »
* Amplifier le lobbying politique par rapport à ce qui est dit ci-dessus
* Développer le compagnonnage : apprenant qui travaille avec un professionnel et dont l’indemnité chômage serait protégée/stabilisée pendant cette période. Ce système fait ses preuves ailleurs.

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Atelier 7 : Les nouvelles technologies et outils qui permettent de faciliter les relations économiques B2B dans le secteur agricole

Deux technologies sont à distinguer :

  • Des applications sur smartphone, destinées à mettre en relation des producteurs et des consommateurs, soit en direct (B2C), soit en B2B, à travers des cuisines de collectivité ou des points de dépôts dans des entreprises.
  • Des applications bureautiques de gestion de stock, qui peuvent être mises en commun entre des grossistes et des épiceries (de produits locaux).

Ces technologies pourraient aider à améliorer la logistique, par exemple en permettant de connaitre en temps réel les stocks chez les (petits) producteurs. Elles peuvent aussi aider à la traçabilité des produits.

Autres enjeux de ces technologies : augmenter la visibilité des producteurs, fidéliser les consommateurs (par la « gamification »)

La CATL maintiendra avec les développeurs de ce type d’outils et de communautés pour en faire bénéficier son réseau.

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Atelier 8 : Les jeunes/les étudiants et l’alimentation durable ?

Beaucoup de citoyens se disent intéressés de s’impliquer dans la vie associative ou encore de revenir à des projets qui ont du sens, mais ces personnes manquent d’informations pour le faire en pratique.

La création d’une plateforme internet publique permettrait de mettre en relation les citoyens et les initiatives existantes de la région de Liège, en particulier, et pour commencer, celles liées à l’alimentation. Dans le mouvement de la transition alimentaire, il existe déjà plusieurs structures qui pourraient en bénéficier. Nous développerons dans un autre article l’excellente idée de plateforme web imaginée par les étudiants lors de cet atelier.

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Atelier 9 : Quel est le rôle pour les initiatives citoyennes et les associations dans le développement de la CATL ?

– La CATL pourrait-elle répertorier sur son site toutes les initiatives citoyennes, en fonction du quartier, de l’activité, etc. ?
– La CATL pourrait-elle être le relais des initiatives citoyennes vers les pouvoirs publics ? Intérêt également d’établir un lien avec les comités de quartiers.
– Proposition de créer un statut d’ « ambassadeur » pour aller dans les différentes associations afin de présenter de la CATL et échanger sur les enjeux et les projets.
– Investir des lieux populaires tels que la braderie de Liège pour toucher et sensibiliser le public des non-convaincus.

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Atelier 10 : Fin du monde et fin du mois, comment rendre l’alimentation durable accessible à tous ?

Le taux de pauvreté est à Liège de 32%, de 36% à Seraing et de 25% à Herstal. Le terme d’alimentation durable « ne passe pas » auprès des personnes en situation de précarité, au contraire du « local », et « de saison ». De leur point de vue, le bio est synonyme d’inaccessibilité, destiné aux « bobos ».  Les colis alimentaires sont surtout composés de produits issus de l’agro-industrie ; on n’y trouve pas de local ou de frais.

Il faut travailler la sensibilisation à une alimentation de qualité, par les compétences des personnes, et favoriser les initiatives qui partent des personnes elles-mêmes en situation de précarité.

Envisager pour la CATL, un rôle d’information, de relais entre les initiatives solidaires existantes, les lieux soucieux du bien manger, à bas prix (pour le grand public et pour les associations). Un poste de « référent aide alimentaire » sur le modèle du « référent cantine durable ». Accentuer l’accessibilité dans les cantines durables, ce qui peut assurer un repas sain aux enfants dont les parents sont en situation précaire.

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Atelier 11 : No land, no food, no futur : quoi de neuf au Sud ?

Une société qui a tout à portée de main (dans les supermarchés) aboutit à des situations problématiques. On ne se rend plus compte (ou on ne connait pas) les impacts sur le Sud de nos choix alimentaires, qui ne sont pas (plus) en lien avec les saisons : il semble normal de manger de l’ananas toute l’année. Au Sud, cela entraine la mise en place et le renforcement d’une agriculture non durable : les petits propriétaires terriens sont dépossédés de leurs terres au profit de grands groupes, qui accaparent ces terres pour des monocultures destinées à l’exportation (chez nous), y exploitent les paysans locaux.

Ces derniers trop peu sensibilisés à la consommation de produits locaux, consomment des produits de base qui sont importés chez eux, à des prix inférieurs aux prix des produits locaux (effet délétère des accords de libre-échange).

Cependant, les mentalités évoluent : au Nord, il y a une prise de conscience, individuelle et de groupe, sur notre surconsommation. Mais, il ne faudrait pas que cela soit un effet de mode. Au Sud, il y a des mouvements pour soutenir les agriculteurs locaux, afin qu’ils puissent posséder leurs propres terres : il y aura un avenir si ces petits producteurs peuvent avoir leur terre. La CATL se doit de contribuer à cette prise de conscience.

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