La thématique du sucre dans notre alimentation est récurrente sur le festival Nourrir Liège depuis sa création en 2017. Tout d’abord parce que la betterave à sucre est la troisième production agricole de Wallonie avec une utilisation de produits phytosanitaires importante mais aussi et surtout parce que sa consommation a un impact majeur sur la santé physique et mentale des wallon•nes (comme partout ailleurs dans le monde).

Les faits en Wallonie (2020) [1]:

–    38 045 hectares de terres agricoles utilisées pour la production de betteraves sucrières

–    205 136 kg de produits phytosanitaires épandus par an (5,4 kg/ha)

–   48 kg de sucre sont consommés par an et par habitant (à comparer aux 5,5kg de carottes)

–   les maladies cardiovasculaires sont responsables d’un tiers des décès et représentent la première cause de mortalité.

–   le diabète de type 2 concerne en moyenne 9,2% de la population

–    le pourcentage de la population adulte en surpoids est proche de 50% (BMI ≥25) et le pourcentage de la population obèse est de 16% (BMI ≥30).   

En mars 2019, sur invitation du festival, Serge Ahmed, directeur de recherche au CNRS à Bordeaux, a donné une conférence au Palais des Princes Évêques suivi d’une Master Class à ULiege autour de l’addiction au sucre explicitant les effets du sucre similaires à ceux de la cocaïne sur les circuits de récompense. Dans la même veine, les expert·es interrogés dans le reportage « Le sucre nous rend-il bête ? »  d’Arte, soulignent unanimement les risques de la consommation de sucre sur notre cerveau en particulier pour les cas de dépression.

Suite au festival 2019, deux stagiaires ont développé un projet de brochure alertant sur les risques liés au sucre dans le cadre de leur stage à la CATL. Ce dépliant a ensuite été relayé par plusieurs médecins généralistes et des maisons médicales de Liège.

En 2022, lors du festival Nourrir Les Campus, la projection-débat autour du film Sugarland a remporté un vif succès. Le réalisateur Damon Gameau teste sur lui-même les effets d’une alimentation haute en sucre en consommant uniquement de la nourriture considérée comme « saine et équilibrée » (type céréales au petit-déjeuner). Il s’attaque à son omniprésence sur les étagères de nos supermarchés, un constat réalisé tout récemment par l’Anses dans son bilan publié mi-février qui montre que la majorité des 54 000 produits alimentaires testés contient au moins un ingrédient sucrant ou vecteur de goût sucré, et ce, même dans des produits salés.

On l’a vu dans les chiffres cités plus haut que la prépondérance des maladies de type « civilisationnelles » est flagrante et les impacts de la consommation de sucre (maladies inflammatoires, cardiovasculaires, diabètes, cancers, etc .) ont été détaillés dans de nombreux travaux et études scientifiques. Le Conseil Supérieur de la Santé (CSS) préconise de limiter les sucres ajoutés à 10 % de l’Apport énergétique total (50g de sucre/jour en ligne avec l’OMS) mais est semble-t-il en train de réviser ses recommandations. Et à l’évidence la tentation est trop forte pour le consommateur au vu de l’importance de la consommation moyenne qui ne diminue pas malgré l’apparition de marqueurs tels que le Nutri-score. 

Il est important de constater que l’industrie du sucre en Wallonie a un historique important de par ses origines anciennes avec des lobbys très puissants (cf. le greenwashing des Betteraviers Belges) et des habitudes de consommation ancrées dans les pratiques (en particulier via les collations des écoliers). En miroir les organisations environnementales comme Nature et Progrès proposent des solutions de cultures sans pesticides en mettant en avant des alternatives locales comme la coopérative de producteurs Orso (que l’on peut retrouver dans nos épiceries bio locales). A minima l’impact sur l’environnement serait limité même si la consommation reste en soi problématique.

Pour cette année 2024, le collectif Nourrir Liège et la CATL en particulier organisent une table ronde le 18 avril sur le campus ULiège du Sart Tilman afin de continuer le débat et dans la mesure du possible, d’apporter des recommandations (et alternatives) pour limiter la production et la consommation de sucre. On peut en effet s’interroger sur l’intérêt de continuer à mobiliser une partie importante des terres agricoles wallonnes pour un aliment néfaste à la santé (des personnes et de l’environnement) et sur le manque de véritables politiques publiques pour informer sur la nocivité du sucre et restreindre sa consommation. Participez !

Quand ? : le jeudi 18 avril à 12h00

Où ? : Campus ULiège Sart Tilman Bâtiment B11 – Local 1/31

Clos mercator, 3
4000 Liège
Belgique

Inscriptions sur ce lien (collation offerte dans la limite des places disponibles) :

Événement à partager : https://www.facebook.com/events/980209423621557

Pour la mise en pratique, vous retrouverez une activité organisée par les magasins Al’Binete :

  • Samedi 13 à 16h30 : Découvrez des astuces simples et accessibles à tous pour vous prémunir des risques glycémie instable, de prise de poids et de diabète aux Halles Binete (st Walburge). Inscriptions sur ce lien.

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Sources (quand non indiqué) :

http://etat.environnement.wallonie.be/contents/indicatorsheets/AGRI%206.html#

https://etat-agriculture.wallonie.be/contents/indicatorsheets/EAW-C_III_b_5.html#


[1] Bien entendu ces chiffres englobent des réalités plus larges (production pour les bovins, biocarburants, exportations, maladies liées à la sédentarité, à la pollution de l’air, etc.).